Savoir quand le bon moment est venu.
Devenir associé(e) au sein d’un cabinet d’avocats représente généralement l’aboutissement de nombreuses années de travail, de dévouement et de développement professionnel. C’est un objectif que beaucoup d’avocats poursuivent, mais le chemin pour y parvenir est loin d’être aisé. Devenir associé ne signifie pas seulement recevoir un titre prestigieux ou un revenu plus élevé. C’est aussi assumer des responsabilités accrues, participer activement à la gestion du cabinet et prendre part à ses décisions stratégiques.
Comment savoir quand le moment est venu de franchir ce cap décisif ? Quand et comment postuler à l’association ?
Vous trouverez ci-après quelques réflexions à considérer pour déterminer le bon moment pour devenir associé(e) dans un cabinet d’avocats.
Comprendre ce que signifie devenir associé dans un cabinet d’avocats et les motivations qui s’y rattachent
Dans un cabinet d’avocats, un associé est un avocat qui possède une part du cabinet, ce qui lui confère des droits de décision sur la gestion et la stratégie du cabinet. Contrairement à un collaborateur, l’associé partage les risques financiers et la responsabilité des décisions prises par le cabinet. Il participe également à la répartition des bénéfices et à la construction de l’image et de la réputation du cabinet.
On distingue généralement deux types d’associé(e)s dans un cabinet d’avocats : les « equity partners » (associé(e)s au capital) et les « non-equity partners » (les autres). Les premiers investissent dans le cabinet et partagent les bénéfices ainsi que les responsabilités financières. Les seconds, en revanche, ont le titre d’associé et participent aux décisions stratégiques, mais ne partagent pas les bénéfices de la même manière et n’ont pas les mêmes responsabilités financières. Cette distinction est importante, car elle affecte le rôle et les implications de chaque type d’associé. Dans les cabinets où il y a plusieurs dizaines d’equity partners, les jeunes associés passent d’abord par l’étape « non-equity » pour après pouvoir accéder au statut « equity« .
Pour de nombreux avocats, devenir associé est un objectif de carrière majeur. C’est un signe de reconnaissance de la part du cabinet pour le travail accompli, les compétences juridiques acquises et la capacité à développer de la clientèle. Cela représente aussi une opportunité de jouer un rôle de premier plan dans la stratégie du cabinet, d’influencer les décisions et de contribuer à la vision à long terme de celui-ci. Outre une nouvelle étape sur le plan de la reconnaissance professionnelle, il s’agit également d’une opportunité financière. La rémunération des associés est évidemment bien plus élevée que celle des collaborateurs. Cependant, elle est la contrepartie de l’atteinte d’objectifs. Plus d’argent certes, mais plus de risque en face.
Les questions à se poser pour savoir si c’est le bon moment pour devenir associé
Un certains nombres d’indices peuvent vous faire prendre conscience que c’est le moment de postuler à l’association.
L’expertise juridique
Pour devenir associé, il est tout d’abord essentiel de posséder une expertise juridique solide dans votre domaine de spécialisation, mais aussi de démontrer une capacité à développer du business. Les cabinets d’avocats attendent de leurs associés qu’ils apportent des clients et génèrent des revenus. Il faut donc dans un premier temps faire un point sur ces deux aspects.
S’agissant de votre expertise juridique, certains auront besoin de temps et de reconnaissance préalable, en étant par exemple reconnu dans les classements comme « rising star « ou « next gen ». Tandis que d’autres auront suffisamment confiance en leur compétences pour se dire que la maitrise viendra en pratiquant. Néanmoins, un juste équilibre entre les deux est nécessaire. En effet, craindre de ne pas avoir assez d’expérience ne doit pas vous détourner de l’objectif qui est le vôtre de devenir avocat de plein exercice c’est-à-dire en devant associé. La collaboration n’a été conçue que comme un statut intermédiaire avant l’exercice en tant qu’associé de la profession.
A l’inverse, croire que l’on peut exercer directement sans expérience préalable en tant que collaborateur est une prise de risque élevée. En effet, vos premiers clients seront vos premiers juges. Si vous commettez des erreurs, êtes trop lent, ou ne comprenez pas suffisamment bien les enjeux de la situation, vous n’aurez pas de deuxième chance. Généralement, si vous postulez à l’association dans un cabinet établi, alors un minimum d’expérience vous sera demandé (entre 6 et 10 ans).
La clientèle
Il faut également faire le point sur la partie clientèle, qui est essentielle. La clientèle est en effet un point clé de l’association. Vous devez pouvoir démontrer que vous avez réussi à constituer une clientèle qui vous est propre. Soit vous pouvez apporter de nouveaux clients pour le cabinet, soit vous pouvez justifier du fait que in fine vous gérez seul certains clients du cabinet. Cette seconde option est plus dangereuse potentiellement car le client du cabinet « appartient » déjà à un autre associé. Encore faut-il donc que cet associé soit d’accord pour vous le céder afin que vous le présentiez dans votre business plan. La construction d’une clientèle qui vous est propre au cours de votre collaboration est donc une pierre d’angle de votre association.
La culture du cabinet
Enfin, un point important et souvent négligé est lié à la culture du cabinet. Chaque cabinet a sa propre culture et ses propres valeurs. Il est crucial que vos aspirations professionnelles et personnelles soient en adéquation avec celles du cabinet. Si vous partagez la vision du cabinet et que vous êtes prêt à vous engager sur le long terme pour le développer, c’est un signe que vous êtes prêt à devenir associé. Si le fonctionnement actuel ne vous convient pas ou les orientations stratégiques, il faudra donc vous poser la question de l’association dans votre cabinet actuel.
Outre ces questions à se poser au présent (expertise, clientèle, culture de cabinet), il faut également vous poser des questions en termes de projection.
Vos projections
Vous devez prendre conscience l’investissement en termes de temps attaché au rôle d’associé. Cet engagement est considérable, incluant la gestion du cabinet, les réunions, et le développement de clientèle, en plus du travail juridique. Vous devrez également gérer vos équipes. Faire le point pour déterminer où vous en êtes dans votre vie (professionnelle et personnelle) est salutaire afin de savoir s’il s’agit du bon moment pour devenir associé. Si vous avez comme projet de vie de devenir parent au cours de l’année à venir et que cela deviendra votre priorité numéro un, peut être vaut-il mieux décaler ?
Questions clés et conclusion
Voici une liste (évidemment non exhaustive) des questions à se poser pour savoir si vous êtes prêt :
- Quel bilan puis-je faire de mon expérience professionnelle ?
- Ai-je réussi à développer une clientèle personnelle ?
- Quel est mon objectif professionnel à long terme ?
- Quel est mon objectif principal pour les deux/ trois années à venir, que ce soit personnel ou professionnel ?
- Suis-je prêt à prendre des risques financiers ?
- Suis-je prêt à dédier une grande partie de mon temps à ma carrière, a minima sur les deux prochaines années ?
- Le cabinet a-t-il besoin de nouveaux associés ? Quelles sont ses valeurs et orientations stratégiques pour les années à venir ?
Devenir associé dans un cabinet d’avocats est une décision majeure qui peut transformer votre carrière. Cela nécessite une réflexion approfondie sur vos compétences, vos objectifs personnels et professionnels, et votre tolérance au risque. Préparer cette décision est donc une étape essentielle pour la passer avec le plus de sérénité possible.