Vous avez envie de changer de métier. Vous sentez que c’est le moment pour vous de faire le point sur votre parcours professionnel. Vous vous êtes mis en quête d’un organisme de formation sérieux qui pourrait vous aider dans cette reconversion professionnelle et dans votre recherche vous tombez sur une offre : bilan de compétences gratuit.
Vous sentez qu’il y a un piège et vous avez certainement raison. De fait, il y en a même deux.
Le piège du bilan gratuit
Il existe un adage selon lequel « si c’est gratuit, c’est que c’est vous le produit ».
Lorsque vous tombez sur un site qui vous promet que vous allez pouvoir réaliser votre bilan de compétences gratuitement, il est fort probable qu’en réalité l’objectif secret soit d’attirer un maximum de visiteurs sur le site pour ensuite le monétiser auprès d’annonceurs. La plupart du temps vous serez aussi obligé(e) de laisser vos coordonnées, ne serait-ce que votre email, et là, c’est le doigt dans l’engrenage : vous recevez continuellement des courriels et des appels promotionnels et lorsque vous parvenez enfin à vous désabonner, vos coordonnées ont déjà été vendues à d’autres.
Cela vaut d’ailleurs pour le bilan de compétences comme pour tout le reste : Internet n’est pas rempli de philanthropes et s’il existe des centaines de sites respectueux de la personne et de son libre arbitre, il en existe des milliards qui ont pour seul objectif de vous faire entrer dans ce qu’on appelle « un tunnel de vente » en exploitant une faiblesse ou une peur (et bien souvent les deux-).
Prudence donc avec le mot « gratuit ». Mais pas seulement. Méfiez-vous également des promesses d’un bilan rapide et facile, très séduisantes en apparence mais qui peuvent avoir un effet délétère sur le long terme.
Le piège du switch
Prenez conscience du fait qu’un bilan de compétences est une démarche impliquante, dans laquelle on ne se lance qu’une fois ou deux dans une vie. C’est le moment où vous choisissez de mettre « pause » dans votre carrière et de prendre de la hauteur pour identifier vos priorités, votre orientation, et vous projeter dans l’avenir. C’est de votre vie professionnelle qu’il est question. Cette même vie professionnelle qui rejaillit dans votre vie personnelle. Rares sont les personnes pour qui ces deux vies sont hermétiquement cloisonnées. Prendre le risque de faire les mauvais choix dans l’une peut bouleverser l’autre et réciproquement.
Méfiance donc pour les sites qui vous invitent à « switcher » de vie professionnelle en quelques semaines : cela peut convenir à quelques rares personnes auront la chance d’avoir des ressources suffisantes pour tenir plusieurs mois voire plusieurs années sans salaire (ou « rétro » pour les avocats), et/ou qui auront la chance d’être bien entourées, bien conseillées, ou d’être au bon endroit au bon moment. Mais dans l’immense majorité des cas, cette invitation à quitter du jour au lendemain une vie professionnelle qui certes ne vous convient plus mais qui avait le mérite de payer le loyer et de remplir votre frigo risque bien de faire beaucoup plus de mal que de bien.
N’oubliez pas une autre chose : l’herbe est toujours plus verte ailleurs. En médecine, on appelle ça l’habituation hédonique : tout passe, même le plaisir de faire quelque chose que l’on aime. L’excitation des débuts laisse toujours la place à une certaine lassitude, et il faut justement un bon recul sur soi, sur ses valeurs, ses désirs et ses frustrations pour parvenir à ne pas se laisser tenter par le chant des sirènes.
Chez LEXD par exemple, nous sommes quotidiennement contactés par des avocats qui « n’en peuvent plus » de leur métier. La raison principale pour laquelle ils envisagent un bilan est officiellement « quitter la robe », tant leurs conditions d’exercice professionnel sont difficiles. Et pourtant, dans la grande majorité des cas, à la fin du bilan, ils choisissent de rester avocats. Simplement, quelque chose a changé en eux, parfois c’est l’environnement de travail lorsqu’ils ont trouvé un nouveau cabinet plus sain et plus respectueux, ou lorsqu’ils ont décidé de s’installer à leur compte. Parfois ils ont juste changé de regard sur leur quotidien et sont parvenus à lui redonner du sens avec cette nouvelle perspective.
Faire son bilan tout seul
Enfin, sans tomber dans les deux premiers pièges, vous pourriez être tenté de limiter les frais en choisissant de faire votre bilan tout seul. Il existe des dizaines d’ouvrages sur ce thème dans les rayons « développement personnel » de toute bonne librairie. Nous n’avons pas la prétention de tous les connaître et si cette formule vous séduit libre à vous de tenter l’expérience.
Toutefois, gardez bien en tête que le fait d’avoir un échange avec une autre personne, et qui plus est un professionnel, formé et supervisé, n’aura de toutes façons pas le même effet que de travailler tout seul dans votre coin. Pour le dire autrement, les gens sont plus ou moins chatouilleux. Quand un expert des chatouilles se jette sur eux pour les faire rire il y a de grandes chances pour que cela produise un effet. Que se passe-t-il en revanche lorsque vous essayez de vous chatouiller vous-même ?
L’effet est sensiblement différent.