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Par Michael Bernard
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Coachingpsychologie

Avez-vous entendu parler des biais cognitifs ? Ce sont ces petits raccourcis que nous prenons tous inconsciemment et qui nous servent à simplifier le monde très complexe dans lequel nous vivons. Ils sont naturels et inévitables, et la plupart du temps inoffensifs. Seulement parfois, ils nous amènent à commettre des erreurs de logique et de raisonnement.

Par exemple : si je vous dis qu’un cahier et un stylo coûtent ensemble 1,10 euros, et que le cahier coûte 1 euro de plus que le stylo. Combien coûte le stylo ?

La tentation de répondre 10 centimes est grande. C’est naturel, et il faut être un fan d’énigmes logiques pour s’apercevoir qu’en fait, si le stylo coûtait 10 centimes, alors cahier + stylo coûteraient ensemble 1,20 euros. La bonne réponse était 5 centimes.

Daniel Kahneman est un psychologue dont les recherches sur les biais cognitifs lui ont valu un prix Nobel d’économie. D’après lui, les biais s’expliquent par ce qu’il appelle « les deux vitesses de la pensée ».

Nous aurions tous en nous deux systèmes de pensée. Le premier système est intuitif, rapide, ne fait aucun effort et ne peut s’empêcher de fonctionner. Kahneman l’appelle le système 1.

C’est ce système de pensée qui est l’oeuvre quand on lit par exemple. Autrement dit, vous ne pouvez pas vous empêcher de lire ces mots s’ils sont écrits dans une langue que vous comprenez. Vous avez « automatisé » ce processus. Il se peut que, pendant que vous faites cela, votre esprit vagabonde et que vous vous mettiez à penser à autre chose. Peu importe, vos yeux continuent de lire. C’est automatique. Comme de répondre à la question : combien font 2 + 2 ? Vous pouvez répondre même si vous êtes concentré(e) sur autre chose.

Mais combien font 17 x 24 ?

Là les choses se corsent. On est obligé de recourir au second système de pensée (le système 2), qui lui est capable de faire des efforts et de mobiliser ses ressources pour répondre à la question.

Simplement, le système 2 n’aime pas travailler. Il préfère quand le système 1 fait le boulot à sa place. Face à une question difficile, il va souvent laisser ce dernier substituer une question plus facile à laquelle il a la réponse.

Exemple : pensez-vous qu’Eric Dupond-Moretti fera un bon Garde des Sceaux ?

Pour répondre, le système 2 doit d’abord répondre à une série de questions allant de « qu’est-ce qu’un « bon » Garde des Sceaux ? » à « EDM dispose-t-il objectivement des compétences, du soutien et des ressources indispensables lui permettant de mener à bien sa tâche ? ». Beaucoup trop compliqué. Le système 2 va donc laisser le système 1 substituer à la question initiale une question beaucoup plus simple : « quel est mon ressenti face à Eric Dupond-Moretti ? ». Vous noterez que ce n’est absolument pas la même question. Et pourtant, bien souvent, c’est à cette seconde question que vous répondrez si on vous pose la première.

Cette substitution et bien d’autres tours de magie de notre cerveau détaillés dans l’ouvrage de référence de Daniel Kahneman (Système 1 / Système 2 : le deux vitesses de la pensée) sont à l’origine des biais cognitifs. Il y en aurai un peu moins de 200 répertoriés à ce jour.

Ils sont naturels et universels, et personne ne peut y échapper.

Ce sont ces biais cognitifs qui par exemple nous donnent l’impression que nous sommes TOUJOURS dans la mauvaise file d’attente, et qu’il suffit de changer de file pour que la première se mette à avancer plus vite.

Ce sont ces biais cognitifs qui nous poussent à faire rentrer les gens dans des cases, des stéréotypes, et qui font que nous leur attribuons des pensées et des raisonnement qui ne sont ni plus ni moins que le fruit de notre imagination.

Ce sont ces biais qui nous poussent à accepter une solution défavorable voire préjudiciable sans même en avoir conscience.

Exemple : le biais intitulé « aversion à la perte » nous poussent à choisir toute solution qui permette d’éviter une perte certaine, même si la probabilité d’une perte encore plus importante existe. L’une de nos clientes nous a raconté qu’un chef d’entreprise qu’elle conseille a réuni tout son personnel (95 personnes) suite à la crise sanitaire et leur a proposé le deal suivant : soit tout le monde accepte une baisse temporaire de 10% de leur rémunération, soit il faudra licencier deux salariés. À bulletin secret, mais surtout à l’unanimité, les salariés ont choisi la 2e option (à la grande surprise du chef d’entreprise qui voyait ses équipes comme des extensions de sa propre famille et pensait avoir instauré ce type de culture dans sa boite). L’aversion à la perte fait qu’une perte certaine de 10% de rémunération est perçue comme pire que la probabilité (certes faible mais bien réelle) de se faire licencier.

Comment faire pour éviter de tomber dans le piège du biais cognitif quand on doit prendre une décision importante ?

Daniel Kahneman a reçu le prix Nobel parce qu’il a réussi à démontrer que les biais cognitifs ne sont pas de simples erreurs qu’on peut corriger. Cela fait 2000 ans qu’on sait que l’être humain fait des erreurs.

Ce que Kahneman a prouvé, c’est que même si on connaît les biais, on ne peut pas éviter de tomber dans leurs pièges. Le système 1 est trop rapide et trop intuitif pour qu’on puisse le contrôler en permanence. Encore une fois : vos yeux ne peuvent pas s’empêcher de lire ces lignes.

Le fait de connaître les biais cognitifs permet en revanche de mettre en place un système de prise de décision qui éclaire les zones d’ombres de notre cerveau pour éviter que ce soit le biais qui prenne la décision à notre place.

Tout notre travail, chez LEXD, c’est précisément d’apporter cette méthode à nos clients, de les aider à prendre conscience des biais auxquels ils sont le plus sensibles, que ce soit individuellement ou en groupe, pour faire en sorte qu’ils prennent la bonne décision, quelle qu’elle soit, et systématiquement.

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